Une famille d’éleveurs de chevaux percherons…

En 1870, Alphonse-Grégoire Fardouet s’installe sur la ferme à 22 ans. Il succède à l’éleveur de moutons Brière. Alphonse est le fils de Michel-Grégoire Fardouet, premier président de la Société Hippique Percheronne de France. Ce nom résonne encore tant son rôle fut considérable dans le développement de la race percheronne…

Depuis 1855, dans sa ferme de « La Beuvrière » à Verrières (61), Michel-Grégoire sélectionne les meilleurs spécimens de la race. En 1862, il remporte la médaille d’or au Comice de Rémalard. C’est un des premiers à vendre des chevaux à des importateurs du Nouveau Monde en 1869. Chevalier, puis Officier du Mérite Agricole, il est le Maire de la commune de Verrières de 1860 à 1878. De 1883 à 1896, Michel-Grégoire est le premier président de la Société Hippique Percheronne de France. Pour répondre à la demande des éleveurs américains, le Stud-Book * percheron est ouvert. D’autres éleveurs des familles Perriot, Chouanard, Aveline… lui font confiance dans le lancement de cette association reconnue et autorisée par le Ministère de l’Agriculture. Au printemps 1885, la peintre Rosa Bonheur illustre le tome II du stud-book percheron. En 1888, l’éleveur participe à l’Exposition Universelle de Bruxelles. Il remporte le premier prix de la race percheronne avec son étalon Malakoff. A sa mort en 1896, la foule est nombreuse à se rendre à ses obsèques à Nogent et Verrières…

Alphonse-Grégoire Fardouet est né en 1848, c’est le troisième de sa fratrie. Il a quatre frères et sœurs : Clémentine, Emile, Albert et Célina. Comme beaucoup de nourrissons au XIX^ème siècle, le deuxième décède avant d’atteindre l’âge d’un an. Alphonse-Grégoire est le seul fils à vivre l’âge adulte. En effet, son frère Albert meurt à 22 ans en 1875. Ses deux sœurs ont un destin totalement différent. L’aînée, Clémentine, se marie avec un important cultivateur du village de Ceton, Clément Leguay. Célina passe une partie de sa vie à Rémalard, en ville. Son mari Marcel Louvel est instituteur, c’est le Maire de la commune pendant de longues années.

En 1872, Alphonse-Grégoire épouse Stéphanie-Octavie Moreau. Cette femme est originaire de Montireau en Eure-et-Loir, à côté de La Loupe. Ils n’ont ensemble qu’un seul fils, ce qui est plutôt rare pour l’époque. Alphonse-Léon naît six ans après l’arrivée de son père sur la ferme.

* Ce registre d’élevage répertorie l’ensemble des naissances, c’est la généalogie de la race. Comme cela existe déjà pour d’autres races de chevaux de selle, sur le modèle du cheval arabe, la race percheronne est la deuxième race de trait (après le trait Nivernais) à disposer d’un « Stud-Book ». Le « berceau » de la race percheronne est délimité, c’est la zone d’élevage du Perche autour de Nogent-le-Rotrou et Mortagne-au-Perche. La morphologie du cheval est fixée en fonction du « standard » de la race (robe du cheval, membres, aplombs, allure…). L’ouverture du Stud-Book percheron permet donc d’éviter toute « contrefaçon », à une époque où l’élevage et le commerce de chevaux de trait est peu réglementé.