Un éleveur de moutons…

Louis-Mathias Brière succède à Jean Sortais l’Aîné en 1854 pour exploiter les terres de « Chêneguier » et du « Bois Joly ». La transmission du fermage est familiale, sa mère étant la sœur de son oncle Jean. C’est donc le neveu du Maire de Margon de l’époque et le sixième d’une fratrie de douze enfants, dont quatre sont décédés nourrissons. L’été de son arrivée sur la ferme, Louis-Mathias se marie avec Marie-Françoise Bajon. Seule une fille est née de cette union, Marie Marceline.

Cultivateur, Louis-Mathias est un éleveur de moutons reconnu. C’est le plus important de la région de Nogent. En 1867, une visite de la ferme est organisée par les membres du Comice Agricole de Nogent-le-Rotrou*. Il reçoit la « Prime du Comice pour l’exploitation la mieux dirigée dans toute ses parties, et entretenant le plus grand nombre du meilleur bétail relativement à la surface et à la nature du sol ». Le prix est unique, une médaille d’or, d’une valeur de 150 francs lui est décernée. L’ensemble de l’exploitation agricole est décrit dans le compte-rendu du comice : les bâtiments de « Chénegué », les bâtiments du « Bois Joly », les terres, les animaux, le matériel… On dénombre alors 250 moutons dont des béliers Mérinos et des béliers de la Bergerie Nationale de Rambouillet. Il y a aussi 12 chevaux, 17 porcs, 15 bovins, 100 poules… Le personnel se compose d’un charretier, d’un berger, de deux garçons de cour, d’un batteur en grange et d’une domestique.

L’empreinte de cet agriculteur est manifeste sur les bâtiments du « Bois Joly ». La grange accolée aux bâtiments d’habitation est construite en 1862, la pierre de la clé de voute de la grande porte charretière porte la date. La bâtisse est d’une hauteur impressionnante pour l’époque et le Perche. Nous l’appelons désormais « l’écurie », de par sa transformation en bâtiment d’élevage par Alphonse Fardouet. D’après l’annuaire du Comice de 1867, Louis-Mathias a aussi construit à ses frais une grande bergerie de 29 mètres sur 4,5 mètres de large. Si c’est celui auquel nous pensons, le bâtiment a été démoli dans les années 1970.

Contrairement à ses prédécesseurs, nous ne connaissons pas de fonctions politiques pour Louis-Mathias Brière. Il n’a jamais été maire ou adjoint sur la commune de Margon. Après plusieurs années passées à cultiver les terres de « Chêneguier » et du « Bois Joly », il quitte la commune pour Avezé dans la Sarthe en 1870. Il y décède neuf ans plus tard, en 1879.

*^ Annuaire du Comice Agricole de Nogent-le-Rotrou de 1868, Imprimerie de Daupeley Gouverneur, Nogent-le-Rotrou, 1868.